9 octobre - 15 décembre 2015

Avec les œuvres de Giulia Andreani, Farah Atassi, Amélie Bertrand, Anne Brégeaut, Marion Charlet, Coraline de Chiara, Nina Childress, Béatrice Cussol, Hélène Delprat, Vanessa Fanuele, Vidya Gastaldon, Oda Jaune, Maude Maris, Elodie Lesourd, Iris Levasseur, Eva Nielsen, Laure Prouvost, Claire Tabouret, Delphine Trouche.

Du 9 octobre au 15 décembre 2015, le musée départemental d’art contemporain de Rochechouart proposera l’exposition « Peindre, dit-elle ». Cette exposition part du constat d’une vitalité actuelle de la peinture, en particulier chez les artistes femmes de la scène française et regroupe seize propositions picturales. « Peindre, dit-elle « (un titre qui fait écho à l’oeuvre de Marguerite Duras), réunit des artistes confirmées et émergentes, qui savent s’inscrire dans le fil du récit d’un médium historique dont elles participent à la réactualisation.

En 1965, à New York, une jeune artiste s’applique à répéter les oeuvres peintes et sculptées par ses camarades : Andy Warhol, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Frank Stella, Roy Lichtenstein ou encore James Rosenquist. Elaine Sturtevant, dite Sturtevant, fait de la répétition et de la citation, un mode opératoire de création. La fidélité du résultat est troublante. Une femme artiste répète les oeuvres de ceux qui vont être consacrés comme les génies de l’art contemporain aux États-Unis, tous des hommes. Y aurait-t-il une différence de facture entre la version masculine et la version féminine d’une oeuvre ? La facture féminine est-elle spécifique ? Existe-t-elle ? Ces questions ont longtemps été un enjeu d’une histoire de l’art qui redécouvrait l’histoire des artistes femmes au fur et à mesure où les femmes prenaient place avec force sur la scène artistique. Progressivement s’est dégagée une généalogie féminine de l’histoire de la peinture depuis Artemisia Gentileschi en passant par Élisabeth Vigée Le Brun, Frida Kahlo ou Lee Krasner, une liste qui s’est allongée ces dernières décennies au fil de la redécouverte de nombreuses pratiques (Hélène Schjerfbeck, Hilma af Klint etc.). De même, bien qu’ait été souligné combien les femmes pionnières de l’avant-garde avaient souvent utilisé soit des médiums traditionnels dit féminins, comme la tapisserie ou la broderie, soit des médiums de revendication nouveaux, comme la vidéo et la performance, se réclamer de la peinture n’a pas disparu du discours des artistes, comme un apanage classique, des beaux-arts, donc masculin, à conquérir, y compris pour les fondatrices de la performance ou de l’expanded cinema telle Carolee Schneemann, affirmant « Je suis un peintre qui étend les principes visuels de la peinture dans le temps et dans l’espace ».

Le choix est fait ici de confronter les oeuvres de seize femmes peintres. Pourtant, les questions relatives au « féminin » sont plus souvent évacuées que présentes. La notion de féminin est-elle obsolète et dépassée ? On pourrait l’espérer. Pourquoi alors présenter uniquement des femmes artistes ? La raison est simple, le constat de l’apparition en France depuis une dizaine d’années des femmes peintres qui, même si les lignes ont bougé depuis les années 1960 et continuent de bouger, connaissent encore une visibilité restreinte. En ce sens, cette exposition pourrait s’inscrire dans une perspective féministe assumée. Il s’agit aussi de mettre en avant le travail des artistes, et de mettre en lumière le travail autour d’un médium : la peinture. La peinture y est envisagée dans sa pluralité. On remarquera néanmoins que l’exposition fait la part belle à la peinture figurative, sans exclure en rien la peinture abstraite, plus en vogue finalement sur d’autres scènes artistiques, sans oublier les autres voies de la représentation du monde. Chacune de ces artistes s’engage envers un médium historique et dont la trajectoire a évolué selon les époques, entre rejet et retour, selon un ressac cyclique depuis maintenant plusieurs décennies. Peindre, dit-elle (un titre qui entre en résonnance avec l’oeuvre de Marguerite Duras), réunit des artistes confirmées et émergentes, dont les oeuvres s’inscrivent dans une histoire dense, tout en participant aussi à la réactualisation d’une peinture sans cesse mise face au défi du monde contemporain et de ses nouveaux modes d’expression et de communication.

Elodie Lesourd, White Heat, 2008. Musée d'art contemporain de la Haute-Vienne, château de Rochechouart