irmavep club chapitre 4 et 5


29 février - 10 juin 2012

Collectif d'artistes et de commissaires d'exposition, Irmavep Club pense son fonctionnement comme celui d'un artist run space – un lieu pensé et géré par des artistes – sans lieu fixe. Après deux premières expositions à Paris (Galerie Art Concept, Galerie Schleicher & Lange) et une à Amsterdam (Motive Gallery), c'est à Rochechouart que le collectif déploie son programme. Pensée comme une succession d'épisodes, l'histoire d'Irmavep Club s'enrichit donc de deux expositions. Le "Livret IV" et le "Livret V" sont présentés simultanément. Le quatrième introduit le cinquième et vice versa.

LIVRET IV

Dove Allouche, Lonnie van Brummelen & Siebren de Haan, Mel O'Callaghan, Giovanni Giaretta, Volko Kamensky, Guillaume Leblon, Thomas Merret, Gerald Petit, Olve Sande, Clémence Torrès, Jordan Wolfson.

LIVRET V

Maurice Blaussyld

Le "Livret IV" est une exposition de groupe, le "Livret V" est une monographie de Maurice Blaussyld (1960, Calais), soit la première présentation conséquente du travail de l'artiste dans un musée. À partir de l'émergence de son travail artistique à la fin des années 1980, Maurice Blaussyld a décidé de soustraire un à un les éléments constitutifs de son œuvre. "Maurice Blaussyld assume ce constat que l'art est devenu un idéal à venir dont il faut préparer l'avènement des objets. Tel est le trouble qui enveloppe les objets déniés qu'il présente", écrivait en 1992 Bertrand Lamarche-Vadel. Depuis, Maurice Blaussyld a poursuivi avec la même détermination l'écriture d'une œuvre dont le mystère est sans cesse reconduit. Les contours de celle-ci empruntent la forme d'objets ambivalents, des combinaisons d'images, de textes et de livres ou de dessins quadrillés dont les indications ne précisent que l'invisible. Dans la durée, l'œuvre semble avoir "muté", adoptant des formats différents, se répétant en présentant des altérations pour aller toujours vers l'essentiel, sa presque apparition. À Rochechouart, l'artiste proposera dans trois salles du Musée une suite d'œuvres anciennes et une nouvelle proposition.

Le "Livret IV", comme chacun des livrets d'Irmavep Club, est conçu comme une conversation. Les œuvres esquissent une histoire dont la trame narrative est tissée d'intuitions et de rapprochements d'ordre sympathique. C'est à partir de la fréquentation de l'œuvre de Maurice Blaussyld, mais également par l’occurrence de figures proches, de répétitions et de différences dans les collections et dans le bâtiment même du Musée que s'est construit le "Livret IV". Les invités y nouent des relations étroites avec la collection du Musée départemental d'art contemporain de Rochechouart. Le film de Landscape for fire d'Anthony McCall (1972) est confronté à sa répétition, un remake réalisé plus de trente ans après par Jordan Wolfson. Le travail historique et politique de Gustav Metzger est mis au regard de l'appropriation par Olve Sande de la littérature classique et de sa restitution dans une sculpture formaliste. Mel O'Callaghan répond, elle, à la structure circulaire de la tour du château en y installant un pendule. Le thème de la limite est un autre fil conducteur du "Livret IV". Les limites séparent les territoires, la fiction et la réalité, l'abstraction et la représentation. Elles sont dans les frontières invisibles de Thomas Merret, les sculptures indécises de Guillaume Leblon, ou les limites du corps de Clémence Torrès qui s'imposent dans sa sculpture.

"Répéter, c'est se comporter, mais par rapport à quelque chose d'unique ou de singulier, qui n'a pas de semblable ou d'équivalent. Et peut-être cette répétition comme conduite externe fait-elle écho pour son compte à une vibration plus secrète, à une répétition intérieure et plus profonde dans le singulier qui l'anime. La fête n'a pas d'autre paradoxe apparent : répéter un "irrecommençable". Non pas ajouter une seconde et une troisième fois à la première, mais porter la première fois à la "nième" puissance", écrivait Gilles Deleuze en 1969 dans l'introduction de Différence et répétition. Clôturant l'exposition, Subi dura a rudibus (2010), une installation cinématographique des artistes néerlandais Lonnie van Brummelen & Siebren de Haan a pour origine une tapisserie du XVIe siècle représentant la conquête de Tunis par Charles V. La tenture a été filmée, ainsi que son carton dessiné par Cornelis Vermeyen. Les deux images sont projetées côte à côte dans un effet de miroir. D'un côté le modèle et de l'autre sa traduction tissée se rejoignent et s'éloignent en se répétant.

Olve Sande, Even A Velvet Rope Can Leave Its Rope Burns, 2011. Musée d'art contemporain de la Haute-Vienne, château de Rochechouart. Photo : musée