5 juillet - 15 septembre 2013

 

Né en 1972 et vivant à Amsterdam, Folkert de Jong est l’auteur d’une œuvre sculpturale percutante où le grotesque le dispute au monumental. Depuis près de quinze ans, il façonne, à partir de mousses industrielles aux couleurs acidulées, des tableaux vivants à la temporalité incertaine. Il revisite avec surprise l’histoire monumentale et figurative de la sculpture en reprenant des références savantes et historiques sous une forme punk et mutante. Dans une œuvre toute en contrastes, Folkert de Jong met en scène la comédie humaine à partir de matériaux industriels inédits, comme le polyuréthane et le polystyrène, qu’il détourne de leurs usages. Chez lui, la matière même de ses créations n’est pas ce qu’elle semble. L’artiste en révèle le faux-semblant, c’est-à-dire combien ces matériaux modernes, en apparence sucrés et légers, ne sont en fait ni biodégradables, ni recyclables et, paradoxalement, plus pérennes que le traditionnel bronze des sculpteurs.
Pour son exposition au Musée Folkert de Jong. Une vie d’illusions, l’artiste a imaginé une série de situations à partir de quatre ensembles de sculptures figuratives et de dessins créées entre 2003 et aujourd’hui. Le visiteur s’y retrouve de plain-pied avec des personnages à taille humaine. Cependant, le caractère semi-réaliste des scènes est mis à mal par l’outrance des couleurs et une expressivité proche du grotesque. L’artiste fait le choix de figures humaines sur le fil de l’inhumanité : le spectacle à la fois attirant et troublant de ces visages apparaît comme un miroir déformant du monde. Comme chez Picasso, dont il a repris les « Saltimbanques » en 2007, le rire de l’amuseur public se teinte de tristesse : l’excès carnavalesque oscille entre rires et larmes, comique et tragique ; toute une vie, et toute une œuvre, faite d’illusions.

Folkert De Jong, Une vie d'illusions, 2013. Musée d'art contemporain de la Haute-Vienne, château de Rochechouart. Photo : musée